18 septembre 2017

Etape 13 : Pino - Bastia


Dernière étape, rejoindre Bastia. Ce n'est pas si loin et après avoir pris mon petit déjeuner entre les arbres avec vu sur la mer, je prends mon temps sur la route, histoire de profiter des derniers instants. J'arrive quasiment au bout du Cap Corse, j'ai constaté que parfois sur les bords de route, du rubbalis a été posé afin de délimiter des petites aires de nature comme pour prévenir de la reconstruction de la flore. Je bifurque vers le petit port de Century qui a de faux airs de Bretagne, je remonte dans les hauteurs en me faufilant sur un petit chemin de pierre avant de retrouver la grande route qui me fera basculer sur la cote Est par le col de Serra (361 m).

A ce moment, je suis averti qu'une course automobile se déroule au bruit que produisent ces monstres d'acier lancées à pleine vitesse. Je n'ai pas compris que la route serait coupée, jusqu'au moment où l'on m’empêche de poursuivre. Je suis obligé de faire demi-tour , je ronchonne contre ces bolides et pilotes qui font vrombir leurs moteurs, m'empêchant de réaliser le tour complet.


Heureusement qu'il existe une route parallèle, il me faut remonter depuis la mer, qui sinue dans la verdure parmi de petits arbustes, 3 kilomètres de montée pour 11 de descente, bon rapport.


J'ai vite l'impression que la route est moins belle du coté Est, moins pentue et rocailleuse, les habitations plus présentes et moins typiques?


Je m'offre une dernière montée pour avoir un point de vue sur la ville de Bastia, pour cela il faut que je m'enfonce, une nouvelle fois, dans une petite vallée. De cette hauteur, je culmine au dessus de nombreuses églises, ça aussi ce sera une image d’Épinal de la Corse. Je cherche du regard le bateau qui doit me ramener au continent, moment d'inquiétude car je ne vois pas sa couleur dans le port.

Je redescend à toute allure, et constate que je ne suis pas ramené par la même compagnie qu'à l'aller. Une dernière glace sur le port en écrivant quelques cartes postales. J'apprends entre temps que mon train à Marseille, est annulé. Après 2 semaines l'aventure continue pour rentrer à la maison.

Etape 12 : Désert des Agriates - Pino

  Je mettrai à peine, 1h30 à remonter les 12 kilomètre de piste qui part de la plage, parfois le passage sur des rochers et cailloux n'est pas évident mais Azimut a une certaine habitude de ce type de gymkhana. Une fois arrivé en haut, je retrouve la route goudronnée et plonge vers la petite ville de Saint Florent.

La vue du port s'avance, quand tout à coup un sursaut du guidon fait tomber la caméra que j'avais du mal fixé. Je roule vite et passe dessus. Il me faut bien 20 m pour me stopper. Je cherche sur les bords de route pendant 1h30, dans les herbes, dans les rochers qui longe la route, je suis perdu je ne sais plus très bien le lieu initial de la chute, je désespère. Je décide d'utiliser les grands moyens de recherches, ma tête. Je stoppe le GPS, extrait le fichier de la dernière course, le transfère sur Internet pour pouvoir le lire. Après analyse de ce fichier, je trouve les coordonnées GPS du moment où j'ai freiné brutalement. J'ai ainsi retrouvé le point exact de la chute et affiner mes recherches. Et cela paie car je mets 30 secondes à la retrouver, par contre la caméra a pris un salle coup, l'écran est cassé mais elle semble continuer à pouvoir filmer.

Je repars, après cette frayeur, vers le Cap Corse et évite Saint Florent. Je m'arrête quand même pour acheter une bouteille de Muscat du Cap. La route vers le nord est très belle et longue les falaises sur une corniche, la route serpente entre baies, monte sur les falaises. A Nanza, la vue depuis l'église surplombant la plage, est superbe, l'eau y est turquoise, le sable un dégradé de gris.Je profite d'une bifurcation vers le haut des falaises pour avoir une vue encore plus belle, je peux voir la plage de sable blanc où j'étais hier. Parfois la route s'enfonce dans les vallées pour couper de petits ruisseaux attenant à un moulin. Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est le changement de végétation, alors que près de la mer la végétation est sèche, le fond de la vallée est humide et luxuriante, l'atmosphère sent l'humidité.

Des arbres tombent de drôles de chenilles, suspendues par leurs fils , il faut que je slalome pour les éviter. Il y en a plein la route, alors que je stoppe pour les regarder, elle tente, même, de grimper sur mes roues, une vraie invasion.

En haut d'une falaise, je trouve un accès qui me permettra d'avoir un point de vue sur le coucher du soleil. Je suis bien caché dans la nature pour cette dernière nuit en Corse qui s'annonce royale.

4 août 2017

Etape 11 : Lozari - Désert des Agriates

Petit déjeuner en famille dans le village vacances, chacun range ensuite son "habitat", Manu et Fabiola leur gîte et moi mon vélo. Retour ensuite dans les montagnes que j'arpente via une route parallèle à celle empruntée hier, sur l'autre versant de la montagne. Je joue au chat et à la souris avec la voie ferrée où je verrai enfin un petit train type TER. Je monte progressivement durant 15 km jusqu'au col de San Colombano à 692m, le golf de Lozari et ces eaux turquoises toujours en point de mire.


Puis je bascule de l'autre coté, laissant la région de la Balagne derrière moi et me dirige vers le désert des Agriates. A première vue, c'est un désert sans sable, plutôt un maquis rocailleux. Par contre point de désert pour la circulation voitures et moto que je retrouve lors de l'ascension sur la route longeant le désert. Je me renseigne pour la faisabilité d'aller jusqu'à la plage Saleccia où il y a un camping.

  On me dit qu'en VTT c'est faisable donc Azimut devrait y arriver. C'est une piste de sable blanc parfois quelques rochers, qui nous attend. De nombreux souvenirs d'Afrique reviennent, jongler avec la piste pour pouvoir avancer dans le sable. Après 12 kilomètre de descente dans le bush, j'arrive au bout, on dirait un camping sud Africain, il ne manque que le Braai.


Le ciel aura été couvert toute la journée et cela ne change pas en fin d'après midi et l'envie de se jeter à l'eau sur cette grande plage de sable fin s'éloigne. Au loin, le cap Corse est sombre, recouvert d'un épais voile de nuages qui cache les montagnes.


Je ne sais pas si la meilleur chose de cette journée, n'aura été de se remémorer le voyage en Afrique.


3 août 2017

Etape 10 : Calvi - Lozari

J'ouvre les yeux, la grande Ourse est sur ma gauche, le ciel dégagé, sans la tente posé sur les galets.
J'ouvre les yeux, cette fois je ne vois plus les étoiles, j'ai le sentiment d'avoir entendu le bruit des gouttes de pluie. Je tergiverse, je tente de monter la tente avec des cailloux, impossible. Je tente de tendre une bâche entre Azimut et le sol mais le vent fort l'emporte. Le volume et la fréquence des gouttes augmentent, je suis dégoutté. Au loin, une vague lueur de jour prend forme. J'abdique, remballe tout comme je peux et décide de me diriger vers le restaurant de la plage, battisse la plus proche, à l’entrée du site.
 

Je me réfugie, finalement dans un bâtiment en pierre abandonné, avec ces graphs, boites de conserves et bouteilles d'alcool vide. J'ai le fut trempé, pas très réveillé, je n'ai pas eu le réflexe de me protéger de l'eau. J'y reste un bon moment, au moins 5h, à lire, dessiner, tenter de dormir sur mon fauteuil et petit déjeuner. La pluie n'a pas cessé pendant ce long moment, j'attends une vague accalmie et je me lance.
Bon timing car je ne serai pas si mouillé que ça, en arrivant à Calvi.

Je me fais mon petit tour de la belle citadelle désertée des touristes aquaphobes puis je me réapprovisionne au marché en attendant, toujours, que le ciel veuille bien avoir l'amabilité de se dégager. Mais rien n'y fait, alors que je sors de Calvi pour réattaquer de la montagne, je prends une bonne averse. La température chute à 13°C alors que je commence mon tour des crêtes de la Balagne.


Une trentaine de kilomètres à flanc de montagnes, des villages perchés dans les hauteurs. La pluie cesse, une éclaircie illumine le village de Spelunca mais pour l'atteindre et en profiter, il me faut encore monter. Dans un bar typiquement corse, je regarde les hommes joués aux cartes en attendant de me réchauffer un peu. Une longue descente m'emmene ensuite vers le golf de Lozari où Fabiola et Manu m'hébergeront et me nourrirons pour ce soir.


En descendant, le soleil semble vouloir revenir et cela me redonne un peu de force et de moral. Après le repas et les discutions vélo, je dormirai dans la chambre des enfants, au sec.

31 juillet 2017

Etape 9 : Piana - Calvi

Dormir au milieu des calanches de Piana au pied d'un de ces gros blocs rouges suspendus, c'est un luxe qui nous est permis, et coté émerveillement, ce n'est qu'un début. La route s'élance par une montée légère entre les falaises rocailleuses et ocres. Sur trois kilomètres, c'est le point d'attraction, quelques cars déposent leurs flots de touristes pédestres qui, sur cette minuscule route, prennent leurs photos et s'extasient de nous voir là sur nos vélos (Michel m'accompagne sur les premiers kilomètres).
 
 Au village de Piana, je dis au revoir à Michel et repart dans l'autre sens, direction le nord de l’île et Calvi. Sur l'autre versant du golf de Porto, la vue est superbe et imprenable sur les pics rocheux qui se jettent dans la mer. Il me faudra rouler 35 kilomètre d'une route à flanc de falaise pour sortir du golf et perdre la vue de mon lieu de bivouac du soir dernier. La route est sinueuse et ne permet pas à deux camping car de passer de front. Les cars et camions, eux, jouent du klaxon pour se faire respecter.


La pause du midi se fait devant la large baie de Girolata, le soleil réchauffe mais le vent me refroidi. En face le col de Palmarella 408 m, pourtant pas très haut, aspire les nuages, qui ensuite redescendent tranquillement du coté de la Balagne

L'après midi sera facile, le vent me pousse sur une route suspendu, épinglée aux collines ou falaises. En contre bas, une mer d'un bleu profond est fouettée par un vent écumant.

Je cherche longtemps un endroit pour poser le bivouac mais le relief ne permet pas d'avoir une surface plate, pas de petit chemin qui se faufile vers l'arrière pays. Une plage ? Mais elle est barré par une chaîne, dommage, pas d'autres accès et puis il y a quand même une maison. Un terrain militaire ? Mais on est prévenu qu'il y a des tirs réguliers. Des pains parasols qui servent de coin pipi caca en bordure de route ? Plus j'avance et plus je désespère de trouver un endroit tranquille.


Puis en me rapprochant de Calvi, un chemin se dirige vers le phare de Punta Rossa, quelques petites plages et des battisses. Je devrais trouver mon bonheur. Une plage de galets avec vue sur le Cap Corse au loin. Je décide de ne pas monter la tente, le ciel est clair, je dépose mon matelas sur un lit de galet. Le bruit de la mer à 5mètres comme berceuse et le ciel étoilé comme toit.

24 juin 2017

Etape 8 : Corte - Piana

Ce matin, la journée commence mal, j'ai une grosse frayeur en constatant que le réchaud est cassé mais après investigation, il s'avère que le bruleur s'est désolidarisé du reste. C'est un peu problématique mais avec une pierre comme support et un peu d'astuce j'arrive quand même à cuisiner. Les galères continuent, en prenant une grosse quantité de miel, je casse ma cuillère en plastique bleu, elle me faisait office de fourchette. Je ne sais pas combien j'ai pu en casser de ce modèle, le mieux c'est encore que j'utilise ma vieille cuillère en bois.
Je pars ensuite vers Corte pour le ravitaillement, dans la même petite épicerie qu'une semaine auparavant jour pour jour. Puis je confectionne un colis remplit de charcuterie locale à renvoyer à la maison. J'allais pas laisser passer de tant de bonnes friandises d'ici, je rajoute donc de la farine de châtaignes, du miel et des biscuits pour combler les trous.

Je quitte Corte, il est 9h15, le soleil est déjà haut dans un superbe ciel bleu, le vent me pousse vers le nord en direction de la route du Col de Vergio.

A 10h18, je traverse le pont de Castirla à 300m d'altitude et un panneau indique le col de Vergio 40 km plus loin. Cela débute superbement, je longe des gorges serrées et rocailleuses, un torrent en leurs seins dévale et la route serpente langoureusement. Par contre, elles font office de goulot d'étranglement dans  lequel le vent me fait face. Passé le lac de Calacuccia, le vent se met à forcir, il est temps de faire une pause déjeuner, il me reste 20 kilomètres avant le sommet.
Le déjeuner se fera au milieu de cochons sauvages qui tourne autour d'Azimut. Un petit pont enjambe un beau torrent turquoise amenant un peu d'air humide.

Je repars rapidement, il me reste la moitié du col à grimper mais elle est assez facile, la pente est douce et la fraîcheur des pins environnants me permet d'avoir une bonne allure. Changeant de versant, je passe d'une montagne à une autre pour enfin arriver en haut du col qui n'a rien d'exceptionnel, une statue, une baraque à frites où le flot de touristes déversé d'un bus passe acheter ces victuailles. Par contre, le froid des 1478 m d'altitude se fait ressentir sur mes vêtements humides, il ne fait pas bon s'attarder.

Une interminable descente me fait basculer du coté ouest de l'île, les falaises rocailleuses réapparaissent. Le village de Osta semble poser sur la falaise opposée à la route sur laquelle je circule. Enfin me voila en bas et la chaleur de fin d'après midi est revenu, alors que je m’apprête à partir vers Piana, je rencontre 2 cyclos indépendants, drôle de point de ralliement devant un garage automobiles. Michel se joindra à moi pour aller vers les Calenches.

Nous trouverons un lieu sympa perdu au milieu des pins permettant d'avoir un vue sur la ville de Piana et sur falaises rougeoyantes au soleil couchant. 



21 mai 2017

Etape 7 : Col de Scalella - Corte

La nuit a été agitée, parfois réveillé par le vent, parfois par de grosses gouttes éparses. Puis le tonnerre et les éclairs fusent, je ne suis pas rassuré, l'aube n'est pas très loin mais je me lève pour me mettre à l'abri sous le porche de la bergerie. On ne sait jamais si un des châtaigniers qui entoure la bergerie avait idée de tomber sur la tente. Je suis cloué à la porte fermée et je compte les intervalles éclairs tonnerres afin de confirmer que l'orage, au dessus de ma tête, continue sa route au loin. Puis je retourne me coucher comme si de rien n'était.

Au matin, le soleil n'arrive pas à percer et de gros nuages s’amoncellent alors que je prends le départ en haut du col de Scalella, je sais d'avance que je vais avoir un long moment de descente. Je passe la butte, qui empêchait les voitures de passer, m'attendant ensuite à trouver la route coupée mais rien que de petits éboulis de pierres, pas de quoi empêcher un vélo de passer.


La descente se fait sur une route humide ce qui m'empêche d'en profiter pleinement, les nuages envahissent la route,  le ciel s’assombrit mais il ne pleut pas. En bas de cette longue descente, je retrouve le cœur de l'île, quelques villages et commerces pour repartir ensuite vers l’ascension du col de Vizzavona par une petite route, heureusement car sur la nationale parallèle, le flux d'automobiles est incessant. L'unique voix de chemin de fer de l'île m'accompagne parallèlement mais toujours aucun train à l'horizon.

Malheureusement pour moi, ma petite route rejoint la nationale, et je dois affronter les 3 derniers kilomètres avec les voitures mais surtout une pluie fine qui débute. D'abord doucement, puis plus intensément, malgré ma veste et mes affaires de pluie, arrivé en haut, je suis complètement trempé.
Je décide de trouver, au plus tôt, un bar où pouvoir me réchauffer, difficile ce dimanche !

Je retrouve, mais cette fois-ci dans l'autre sens de circulation, la route que j'avais empruntée une semaine auparavant. Et c'est toujours en ce lieu que je me retrouve avec de la pluie. Pas question de prendre des photos, je file en évitant de glisser, je suis à fond sur les freins.

A Vivario, je trouve enfin un bar où m’arrêter, il est 11h du matin et tout le monde tourne à la bière. Je me sèche et y reste 2 heures, le temps d'être témoin du fait du jour : "il est rentré dans ma voiture et il est parti comme un voleur". Tout le village est en émoi, pour une histoire de taule froissée, sauf que c'est la voiture de la fille du patron, j'ai peur que ça ne se finisse aux fusils de chasse. La scène est cocasse et révèle le tempérament corse, bourru et sanguin.

Profitant de timides éclaircies, je repars de Vivario, où j'aurais quand même réussi à m’arrêter deux fois pour manger, avec des vêtements secs et le reste humide tentant de sécher sur mon porte bagage.


J'évite encore les grosses gouttes des averses passagères en me réfugiant sous les arbres, puis une fois le pont du chemin de fer franchi, à l'inverse de la semaine précédente, le soleil reprend le pas. Je repasse les mêmes villages mais les vues sont totalement différentes. Je bifurque, prends de petites voies et cueille de belles cerises juteuses à même des arbres bien fournis, le printemps est la saison idéal pour déguster de nombreux fruits.

A Corte, je me dirige vers le camping de Saint Pancras à 1 kilomètre en dehors de la ville, il est tenu par des fermiers qui me vendront la moitié d'un excellent fromage de chèvres.

Le ciel bleu est revenu et me permet de visiter sereinement Corte en grimpant au belvédère, vue imprenable à 360° entre montagnes et citadelles.